Les voyages forment la jeunesse. La preuve par Nejim, élève du lycée professionnel Turgot de Roubaix, en bac électrotechnique, transformé par la magie d'une mission au Mali.
PAR ÉRIC HOLZAPFEL
roubaix@lavoixdunord.fr PHOTO « LA VOIX »
« Nous les jeunes, on est toujours avec les ordinateurs, les portables, tout... Et quand on revient, on se dit ça ne sert à rien.
» Ainsi philosophe Nejim, touché par la grâce d'un voyage au Mali qui a « changé sa vision de la vie. » Pas au point de vouloir se passer de tout, « comme les Maliens, comme dans toute l'Afrique », sourit-il. Mais au moins « se contenter de ce qu'on a ». C'est vrai, depuis cette expérience, il « gâche moins l'argent, n'achète pas n'importe quoi. » Nejim Atache est lycéen « en bac pro électro » à Turgot. En février 2009, il est parti 15 jours au Mali, avec huit camarades et quatre profs, dans le cadre d'un projet de coopération internationale au long cours. Près de la frontière guinéenne, ils ont refait l'installation électrique photovoltaïque d'un dispensaire et ont « formé des apprentis à l'électrotechnique. » En retour, eux aussi ont appris des choses. Un certain détachement matériel, on l'a vu. Mais pas seulement. « On reconnaît ceux qui sont partis au Mali », résume Nejim, sans réussir à mettre des mots sur ce « quelque chose » qui fait la différence.
Nejim est né en Corse. Ses parents sont originaires du Maroc. Tous ont déménagé dans le Nord quand il avait cinq ans, parce que la Corse... « c'est raciste », dit-il après un moment d'hésitation. À Wattrelos, ils vivent à huit dans la même maison cinq frères, une soeur, la mère et le père, chef de travaux chez Stradal, à Comines. Il s'y sent bien : « C'est calme, tranquille. » S'il confesse quelques difficultés en français, Nejim n'a pas d'allergie pour les études. Depuis le Mali, c'est même le contraire. Orienté en CAP électrotechnique un peu par hasard, il a réussi à intégrer un BEP dans la même spécialité en 2008-2009. Depuis, il a encore sauté un pas. Il se prépare au bac pro. Ce voyage, explique-t-il, « ça m'a motivé pour mieux réussir. Parce qu'au Mali, où il n'y a pratiquement pas d'écoles, les gens sont prêts à tout pour y aller. Tandis que nous, les jeunes, on la rejette. » L'école, maintenant il « en profite. » Il espère aller « jusqu'au BTS » pour devenir un jour « chef d'équipe », et pourquoi pas « ingénieur ». Toujours dans l'électro, parce que « l'électro c'est vaste, c'est compliqué. Et j'aime travailler dur.
» Sage, Nejim, et modeste ? Pas tant que ça. Fan de foot, supporter des Bleus, il est stoppeur au FC Wattrelos. « Si on me propose un contrat pro, j'arrête tout. C'est le rêve des rêves », admet-il. Une ambition probablement déraisonnable, au regard de ses 19 ans. « Mais c'est possible, argumente-t-il. Des fois je vois des matchs à la télé qui ne sont pas de très grands matchs. Le samedi, en amical, on joue mieux qu'eux... » •
La voix du nord: http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Tourcoing/actualite/Secteur_Tourcoing/2009/11/22/article_un-voyage-humanitaire-au-mali-ca-change.shtml